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L’un de nous deux. Théâtre du petit Montparnasse

Dernière mise à jour : 27 avr. 2021

J’ai passé, à plusieurs titres, une soirée très agréable, l’hiver dernier, au théâtre petit Montparnasse. Ce fut un moment chaleureux, instructif et l’un comme l’autre, Christophe Barbier et Emmanuel Dechartre sont deux personnes passionnées et passionnantes.


La pièce « l’un de nous deux » est à la fois un cours d’histoire et un cours de politique. Le travail de Jean-Noël Jeanneney (l’auteur) est incroyable à plusieurs titres. Il a effectué un travail de Documentation colossal afin d’écrire cette œuvre.


La trame est réelle, Mandel et Blum ont bien été emprisonné pendant la Seconde Guerre mondiale, au même titre que beaucoup d’hommes politiques.


Ils auraient servi, éventuellement, de monnaie d’échange et étaient considérés comme otages de guerre.


L’idée de génie est de les avoir réunis dans cet espace clos pour de longs échanges. L’un fidèle de Jaurès, l’autre de Clemenceau. L’auteur s'est servi des écrits de Blum, Mandel mais aussi de Jaurès et Clemenceau, des correspondances, des biographies et de l’histoire, bien sûr.


L’un des deux va mourir. On le comprend assez vite mais lequel ?


À partir de toute cette matière Jean-Noël Jeanneney a construit ses dialogues et il ressort de tout ce travail beaucoup de sensation très positives.


Malgré les différences de point de vue, l’on ressent beaucoup de respect et même de tendresse entre ses deux hommes. Leurs idées apparemment opposées se rejoignent souvent et finissent par ce rapprocher. Le défaut de l’un devient la qualité de l’autre. Cette pièce est un véritable objet politique où la pensée unique n’a plus sa place. Un peu plus d’humanisme pour l’un, un peu plus d'autoritarisme par l’autre mais, finalement, les conclusions sont assez similaires et l’homme quant à lui est bon, car entre Blum et Mandel, on parle de grands hommes, quel que soit leur Parti politique.


C’est étonnant, mais leurs discussions politiques m'ont fait un peu penser à des discussions que pourraient avoir deux philosophes ou deux artistes. Ce texte est vraiment magnifique.


Savez-vous qu’il y a une brasserie près de l’Assemblée Nationale, en demi-sous-sol que tous les hommes politiques de tous bords fréquentent assidûment ? Il n’est pas rare d’y voir des parlementaires totalement opposés se saluer et rire de bon cœur.


Ma deuxième sensation est que, finalement, dans un contexte très différent et plus de 50 ans plus tard rien a changé, finalement, dans l’univers politique. C’est assez effrayant et rassurant à la fois. Tout n’est souvent qu’une question de syntaxe, finalement.


Vous l’aurez compris. J’ai aimé passionnément ce texte, mais également la mise en scène de jean Claude Idée.


Avoir mis cette « maison - prison » aux pieds d'un camp de concentration est une idée lumineuse? Car l'ambivalence entre leur traitement et celui des camps est assez effroyable et les interventions du geôlier nazi sont toutes très réussies et donnent (c'est étonnant) une forme de fraîcheur à la pièce.


Enfin quel choix de comédiens !


Emmanuel Dechartre n’est plus à présenter. Il est, tout simplement, un immense comédien qui joue avec les mots et les émotions avec une facilité déconcertante.


Christophe barbier, journaliste reconnu et comédien méconnu s’est glissé dans son personnage avec délectation. Cette pièce ne pouvait que lui convenir parfaitement, mais il réalise, tout de même, une vraie performance, car le texte est lourd et le personnage, difficile.

L’un de nous deux est un immense moment de théâtre et un grand succès mérité.


NOUVEAUX HORAIRES : Lundi et mardi : 19h










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